
Londres est ma ville de cœur, je ne me lasse pas de son architecture inclassable, de son énergie en perpétuel mouvement, de son côté kitsch « so British » et de ses hommages envers une royauté que nous admirons de loin !
J’y vais une fois par an, et je m’y « bousille » les pieds à coups de kilomètres avalés sans m’en rendre compte, de ruelles en avenues, de découvertes en émerveillement, de visites aux adresses fétiches que je ne manque jamais d’oublier ! Londres, c’est évidemment la capitale de l’Angleterre, la plus grande ville du Royaume-Uni, une des plus grandes places boursières du monde, mais aussi la patrie de Jack l’éventreur. C’est aussi le pays de Conan Doyle et d’Agatha Christie, d’Oscar Wilde et de Dickens, et, j’ai failli l’oublier, de Bram Stocker. Rien que ça ! (mais pas que, bien sûr)
Pour une amoureuse d’histoires ténébreuses comme moi, Londres est une source d’inspiration et d’imagination. Je me vois en plein fog londonien, le visage cinglé par un vent glacial venu des bords de la Tamise, perdue dans Whitechapel au temps le plus terrible de son histoire : celle où le meurtrier le plus mystérieux de toute l’Angleterre a sévi, j’ai nommé Jack l’Éventreur. Tout le monde connaît Jack l’Éventreur : son nom a fait le tour du monde, et il est devenu l’archétype du tueur cruel et dépravé et du serial killer insaisissable qui défie la police. Et pourtant, au-delà de ce nom qui fait frissonner, qui connaît exactement l’histoire de ce tueur ? Qui se souvient du nombre de femmes qui ont été tuées, et qui sait à quelle époque les meurtres ont eu lieu…
Laissez-moi vous rafraîchir la mémoire.

1888, 31 août. Dans une ruelle sombre de Whitechapel, on retrouve le corps de Mary Anne Nichols. Dans le dédale des ruelles polluées de l’East End, là où la misère et le désespoir se taillent la part du lion, il n’est pas rare de se retrouver confronté à des crimes sordides. Et pourtant, celui-ci est hors norme. Polly a en effet eu la gorge tranchée, l’abdomen entaillé et les organes génitaux lacérés, la violence du crime interpelle mais personne ne se doute alors qu’un second meurtre va se produire une semaine plus tard.
Le 8 septembre, dans une arrière-cour du quartier de Spitalfields, c’est le cadavre d’Annie Chapman qui est découvert. Elle a elle aussi été éviscérée et égorgée, mais de surcroît, le vagin, l’utérus et la vessie ont été prélevés par le meurtrier. La panique commence à gronder dans les faubourgs londoniens, mais c’est à la fin du mois de septembre que l’affaire prend une nouvelle dimension. Deux autres victimes de l’éventreur sont alors retrouvées : Elizabeth Stride et Catherine Eddowes, cette dernière ayant été atrocement mutilée. Un rein a également été subtilisé par le meurtrier, rein qu’il se vantera d’avoir dégusté et trouvé délicieux dans une de ses fameuses missives envoyées aux journalistes.
La capitale britannique est en ébullition : ces meurtres suscitent à la fois peur et indignation, d’autant plus qu’ils mettent en lumière les bas-fonds de la plus grande ville de l’empire, et surtout la pauvreté et la misère d’une partie de sa population, qui peine à survivre dans des quartiers oubliés et écrasés par la révolution industrielle. Tous les indices pointent vers un seul et unique assassin, aux motivations incompréhensibles mais éminemment perverses pour une société victorienne puritaine jusqu’au bout des ongles et totalement hypocrite dans ses rapports avec la sexualité. L’absence de traces, de témoignages, de témoins laisse la police impuissante face à ce « fantôme » qui se fond dans le brouillard et laisse uniquement des flaques de sang à côté des cadavres de ses victimes. Pourtant, quelques jours avant les meurtres de Stride et d’Eddowes, une lettre était parvenue à la Centrale de presse britannique, et avait été transmise aux enquêteurs. Dans cette lettre, l’auteur revendiquait les deux premiers assassinats et en annonçait d’autres. Elle était signée « Jack the Ripper » et écrite à l’encre rouge.

L’affaire se transforme en véritable panique. La presse populaire, qui prospère depuis le milieu du XIXe siècle, connaît le potentiel des faits divers et se complaît alors à exploiter sans états d’âme cette série de crimes aussi étranges qu’horribles. C’est une manne bienvenue pour tous les quotidiens, qui « surfent » sur le phénomène Jack en jouant sur la peur, qu’ils alimentent, et pointent aussi du doigt une police que l’on dit alors incapable de protéger les Londoniens. Il est vrai que la police peine à progresser dans l’enquête, et l’identité de l’Eventreur reste un mystère…
Les gens sont effrayés, et à Whitechapel, un comité de vigilance voit le jour. Ce comité, qui organise des patrouilles de nuit, ne se prive pas de désigner d’éventuels coupables à la vindicte populaire, ouvrant ainsi la chasse au bouc émissaire. Pour beaucoup, ces crimes ne peuvent avoir été commis par un anglais… on dénonce donc rapidement les immigrés, et notamment les juifs qui sont les plus nombreux dans ce quartier pauvre. Un graffiti inscrit sur un mur de Goulton Street mettant en cause les juifs sera même effacé par la police afin de ne pas entraîner d’émeute.

Le 9 novembre 1888, l’horreur atteint son apogée. Après plus d’un mois de silence, l’éventreur fait à nouveau parler de lui. Cette fois, sa victime n’est pas assassinée dans la rue mais dans une chambre, au 13, Miller’s Court. Il s’agit de Mary Jane Kelly, la plus jeune victime de Jack, et aussi celle qui a subi le plus de mutilations. Le rapport d’autopsie est terrifiant : la jeune femme n’a pas été seulement éventrée ; non, cette fois le meurtrier a eu le temps de peaufiner son crime. Le visage de Mary a été tailladé jusqu’à l’os, se seins ont été découpés, la peau de ses cuisses a été arrachée, l’abdomen incisé et les organes dispersés dans la pièce.
C’est le dernier meurtre officiel de l’éventreur. Il y en aurait en effet entre 3 et 9 autres qui pourraient avoir été commis par le même individu mais la police n’en a aucune certitude. L’éventreur s’est évaporé, pfuit ! Il a disparu sans laisser de traces, et il est entré alors dans la légende. Depuis, la liste des coupables potentiels n’a cessé de s’allonger, presque à l’infini, tant le mythe l’éventreur continue de fasciner dans le monde entier. Les plus connus sont Aaron Kosmincky, un barbier, Montague J. Druitt, un avocat, Walter Sickert, un peintre (cette théorie a été documentée par Patricia Cornwell), et la non moins célèbre conspiration royale visant à protéger le prince Albert, petit-fils de la reine Victoria. Il y a bien d’autres théories concernant le coupable, et nul doute que les années à venir verront d’autres hypothèses émerger, mais je pense que l’identité de l’éventreur demeurera à jamais un mystère, et c’est également ce qui a érigé cette affaire au rang de mythe criminel.

Mais revenons à nos moutons ! Mon week-end.
Je n’ai pas passé deux jours à suivre les traces de l’Éventreur (bien que, si je pouvais…), j’ai flâné dans les rues de Londres, marché au bord de la Tamise, admiré l’architecture victorienne, profité des parcs, regardé défiler des gens habillés comme au 19ème siècle, entendu chanter une chorale gospel devant une église, admiré Buckingham Palace, et écouté cet accent que j’adore. Je pense que j’ai sûrement été anglaise dans une vie antérieure ! Pour preuve, le tea time pour moi c’est sacré, et quand je suis à Londres je me sens chez moi. Bref, je veux bien déménager là-bas, j’y trouverai sans aucun doute ma place !




Avant de conclure…
J’ai démarré cet article en voulant parler de Jack l’éventreur suite à mon dernier passage dans la capitale anglaise. Je connais assez bien l’affaire, je pense que j’ai lu presque tous les livres qui en parlent et que j’ai du aussi voir tous les films et téléfilms qui se sont inspirés de cette affaire (dont l’excellent From Hell, qui est pour moi une vraie pépite et que je recommande vivement).
Je connaissais le nom des victimes, les circonstances des meurtres, les coupables potentiels, mais en fait je me suis rendue compte que j’avais occulté trois choses qui m’ont frappée cette fois-ci, lorsque je me suis replongée dans cette affaire. Premièrement, le rôle des journaux, qui n’ont fait que jouer sur le sensationnalisme pour gagner de l’audience et des lecteurs, quitte à occulter les vrais problèmes de fond, ainsi qu’à oublier que les victimes étaient des personnes avec une vie, des familles, des proches… Deuxièmement, le fait qu’une catégorie de population (les Juifs à cette époque, mais aujourd’hui nous pointons du doigt une autre « minorité ») a été très vite ciblée comme étant à l’origine de ce déchaînement de barbarie (je choisis le mot barbarie exprès car il est souvent employé par ceux qui cherchent à diviser la société actuelle). Et enfin, le fait que cette affaire a aussi permis à la société victorienne et puritaine de l’époque de jouer avec cette peur afin de museler des idées de rébellion naissante qui avaient pour objectif de remettre en question les puissants et l’élite. Je vous laisse méditer, je l’espère, sur ce constat qui est d’actualité. Et d’ailleurs j’attends vos avis sur le fond autant que la forme de cet article ! Bye Bye guys !

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